Toutes les races actuelles sont issues du mouflon sauvage apparu il y a plus de 10 000 ans. Placide et docile, il a très vite été domestiqué par l’homme lui fournissant viande, lait et laine. La Grèce antique en a d'ailleurs fait son principal animal d’élevage. Puis les Romains, en envahissant l'Angleterre, implantèrent la première usine de laine, une tradition britannique qui perdurera des siècles.
Le berceau de ce commerce de la laine se situait alors autour de la Méditerranée, en Espagne. Le négoce des moutons fut une affaire juteuse, parfaitement encadrée par le roi, et participa à la grande richesse du pays dès le Xe siècle. Très recherché pour son épaisse toison, le mouton Mérinos fut même longtemps interdit d'exportation sans autorisation royale. L'interdiction ne sera levée qu'au début du XIXe siècle. Il sera alors emporté aux quatre coins de la planète et vers de plus vertes prairies à des fins d’exploitation.
Physiquement, le mouton n’est pas très grand, d'un poids pouvant dépasser les 150 kg et vivant généralement une quinzaine d'années. Son corps est recouvert de poils bouclés dont la couleur varie selon les espèces, et sa tête peut parfois être coiffée de cornes. Herbivore, son alimentation se constitue essentiellement d’herbe, mais peut aussi s'étendre aux fleurs et aux graines. La période de gestation dure environ cinq mois au terme de laquelle la femelle donne naissance à un ou deux petits qu’elle allaite. Pour se faire entendre, le mouton bêle et réunit alors ses congénères, qui aiment tout autant que lui se trouver réunis.
De mutations en transformations morphologiques parfois dangereuses pour la santé de la bête et des humains, plus de 200 races de moutons domestiques ont vu le jour dont chacune apporte à l’homme ce pour quoi il les élève. Le cheptel peut ainsi être utilisé pour la laine, le cuir, la viande ou le lait. La Nouvelle-Zélande et l’Australie en ont fait des animaux emblématiques de leur économie agricole et exportatrice. Mais l’Amérique, l’Europe et l’Afrique possèdent également des troupeaux magnifiques qui nourrissent et réchauffent des milliers de foyers.
Les juifs et les musulmans consomment la viande de mouton à condition que l’animal ait été tué selon les rites de chacune des religions, tandis que les chrétiens aiment à le cuisiner à l’occasion des fêtes de Pâques, en référence à l’épisode de l’agneau dégusté par les Hébreux avant le retrait d’Égypte.
Outre ses valeurs culinaires et autres exploitations dans les élevages et les cuisines du monde, le mouton est ainsi un des héros de l’imaginaire collectif et enchante de sa silhouette moutonneuse et douillette, contes de fées, histoires extraordinaires, peluches. Entre mythologie et fables, vulnérabilité et esprit enfantin, de l’innocence du légendaire mouton du Petit Prince à l’astrologie occidentale ou chinoise, des malheureux moutons de Panurge aux moutons qu’il est conseillé de compter pour arriver à s’endormir, sa bonhomie naturelle et sa représentation assez paisible nourrit culturellement le quotidien des petits et des grands. La relation du mouton à l’homme est si forte qu’il se raconte que cet animal est capable de reconnaître celui qui a croisé quelques années plus tôt, ce qui laisse entrevoir son extrême sensibilité et perception.