Son origine est très ancienne, certainement fut-elle domestiquée bien avant Jésus-Christ pour son apport en viande et sa chair tendre. Elle tenait une place importante sur tout le continent américain d'où elle est originaire, notamment dans la culture maya. Élevée pour la beauté de ses plumes qui servaient à confectionner des costumes d’apparat, précieux aux cérémonies, elle était également une présence vénérable par respect pour Chalchiuhtotolin, l’avatar du dieu Tezcatlipoca.
Ramenée à la cour d’Espagne sous l’appellation « poule d’Inde » lors des grandes expéditions dans les années 1500, elle rejoignit ensuite tranquillement les basses-cours de France et de Navarreet vint grossir les effectifs de toutes les fermes de son allure débonnaire. Elle est désormais baptisée, comme une évidence, de sa forme abrégée « dinde ». Elle se pavane au milieu des poules et autres gallinacées où elle en impose de sa silhouette dodue permettant de nourrir d’immenses tablées depuis qu’elle fut l’invitée d’honneur au banquet des noces de Charles IX en 1570, servie alors comme une extravagance culinaire ! Reconnue pour son fumet délicieux, elle est peu à peu élevée à travers toute l'Europe. Il n’est pas rare de les voir déambuler dans les exploitations agricoles, un peu comme les oies, menées par un jeune fermier.
De taille assez élevée, pouvant peser une bonne dizaine de kilos, elle présente un physique très spécial, peu avenant au premier abord, avec un bec assez petit et une caroncule de couleur vive - une excroissance de chair qui n’en finit pas de plisser sur sa tête et son cou. Ses ailes sont arrondies et sa queue peut se déployer en une belle roue, de tout son plumage brun cuivré. Ses pattes comptent trois longs doigts assez crochus.
Extrêmement rapide, le dindon sauvage peut courir à une vitesse qui avoisine les 90 km/h ; ses comparses domestiqués sont bien plus calmes. Ils coulent des jours tranquilles à la campagne, glougloutant ce qui les distingue encore davantage de leurs copines de poulailler ! Dindes et dindons se délectent de céréales. La femelle pond deux fois par an, une quinzaine d'œufs à chaque fois.
Si quelques spécimens sauvages subsistent en Amérique et dans les forêts du monde, la plupart s'épanouissent dans des élevages. De nombreuses races y sont répertoriées pour fournir une demande croissante. Elles se nomment notamment la bronzé d’Amérique, la Rouge des Ardennes, la Larger White, la Noire de Sologne, la Noire du Gers et bien d’autres, issues de croisements et de lignées plus pures, dont certaines sont célèbres pour le tendre de leur chair, d’autres pour leur ponte, ou encore leur plumage.
La dinde est une denrée exceptionnelle, un plat de choix célébré à chaque Thanksgiving dans la plus pure tradition nord-américaine. On la trouve aussi fourrée, accompagnée de marron à Noël sur nombre de tables de chez nous. Elle n'en demeure pas moins commercialisée toute l'année déclinant sa viande dans de multiples préparations, salaisons et morceaux, en vente dans les grandes surfaces, chez les bouchers et dans les rôtisseries.
Animal totem de l’Amérique qu’elle sauva de bien des famines, elle est parfois moquée pour son allure faussement hautaine et dégingandée, et son nom qui désigne en français, de manière péjorative, une femme assez sotte ! Ainsi la dinde n’en finit pas de faire parler d’elle !