Semblant tout droit sortir de la préhistoire, cette petite bête impressionnante est aussi nommée Diable épineux ou Diable cornu. Il tient son nom d’un ancien dieu qui recevait des sacrifices d'enfants et qui fut dès la plus haute antiquité associé à l'image du Diable. Autant dire que le frisson est sa spécialité !
Ce lézard hérissé d’épines, à l’allure des plus hostiles, est pourtant parfaitement inoffensif et placide ! Son corps relativement pèse dans les 70 g et peut mesurer jusqu'à 20 cm. Des excroissances écailleuses recouvrent toute la surface, les plus grandes étant situées sur le dos et la tête. Cette parure bien spéciale lui permet d'une part de se camoufler en adaptant les couleurs de son corps à l'environnement, une branche, une feuille, une écorce, lui permettant ainsi de passer complètement inaperçu. Et si d'aventure, un prédateur réussissait à l'attraper, cette carapace le rend d'autre part parfaitement indigeste. Impossible alors de croquer dans cette carapace sans se déchirer la langue, le palais ou encore l’estomac.
La femelle pond des œufs qu’elle enterre dans un terrier et qui écloront au bout de trois à quatre mois. Les petits qui ne dépassent pas les 6 cm et dont les épines sont encore très souples constituent une proie idéale pour les prédateurs comme les varans et les rapaces. Adulte, il n'en va pas de même ! Menacé, le moloch gonfle son abdomen, toutes épines dehors en avançant de manière saccadée pour effrayer son agresseur. Si le danger est trop grand, il s'immobiliser complètement et soudainement, comme pétrifié. De manière générale, il vit assez vieux, pendant au moins vingt ans.
Il se nourrit - pour ne pas dire se goinfre - de fourmis ! Se fondant dans l'environnement, il se place sur leur passage et attend tranquillement pour les ingurgiter les unes après les autres ! Comme il vit dans des zones désertiques, son organisme est prévu pour résister au manque d’eau. D'une part grâce à des capteurs d'humidité et d'autre part, par le biais de la boule graisseuse située à l'arrière de son crâne et qui constitue une petite réserve personnelle en cas de besoin.
Le moloch est finalement peu connu et peu convoité, même si certains petits malins souhaiteraient en élever en terrarium. Mais, compte tenu de son mode de vie, de son alimentation, de sa façon de s’hydrater, sa survie semble impossible en dehors du désert où il est pourtant l’un des animaux les plus résistants. Heureusement, l’Australie interdit l’export de ses créatures.
Si vous souhaitez l’observer, vous devrez faire preuve de patience, marcher de longues heures sous le soleil du bout du monde, le traquer au milieu des couleurs ocres et sables, croire le reconnaître, puis le perdre de vue, pour enfin l’admirer dans son étrange ballet lorsque vous vous approcherez de lui ! Une extravagance magnifique de Dame Nature !